Favoriser l’installation des femmes en agriculture
Le réseau Civam et ses huit partenaires ont partagé les résultats du projet « Dégenrons l’installation en agriculture », lancé il y a deux ans. Leur objectif : susciter des vocations alors que la féminisation de l’agriculture stagne.
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Le 4 décembre 2025 à Paris, le réseau Civam a réuni ses huit partenaires (1) pour partager les résultats du projet « Dégenrons l’installation en agriculture » lancé il y a deux ans.
Concrètement, le projet a pour finalité de répondre au défi du renouvellement des générations en analysant spécifiquement les freins rencontrés par les femmes. Objectif : identifier les leviers permettant leur installation et la pérennisation de leurs activités.
Inégalités de genre en agriculture
Pour y parvenir, Johanna Grandserre, coordinatrice en genre et milieu rural, accompagnement des transitions, du réseau Civam, a présenté les trois axes du projet commun :
- Étudier et capitaliser sur le sujet des inégalités de genre en agriculture.
- Sensibiliser les réseaux des Onvar (organismes nationaux à vocation agricole et rurale), les futurs installés et les acteurs de l’installation agricole.
- Expérimenter des parcours d’accompagnement pour favoriser l’installation agricole des femmes.
Stagnation de la féminisation
Devant un public nombreux, en majorité féminin, venu des quatre coins de la France, la sociologue de l’Inrae Clémentine Comer a rappelé que la féminisation de l’agriculture stagne : un quart des chefs d’exploitation sont des femmes, soit le même niveau depuis 2010. Elles rencontrent davantage de freins que les hommes pour s’installer : âge plus avancé (un quart après 43 ans), accès limité aux aides, difficultés foncières et d’accompagnement.
Des représentantes ont ensuite présenté des outils mis en place dans leur structure locale. À titre d’exemple, Initiatives Paysannes (membre du réseau des Adear) dans le Pas-de-Calais, a entrepris un projet de marrainage, pour permettre à des porteuses de projets de s’appuyer sur l’expérience d’agricultrices expérimentées.
Violences sexistes et sexuelles : prévenir, accompagner, sanctionner
Séverine Van Hasselaar, élue au national du Service de remplacement, éleveuse de chèvres laitières dans l’Indre, a restitué le résultat d’une enquête sur le ressenti d’agentes de remplacement (158) et de manager d’agences (47). Globalement, les salariées « aiment profondément leur métier » qu’elles ont « choisi ». Toutefois, si elles pointent du doigt l’inadaptation de certains équipements sur les fermes où elles interviennent, elles osent rarement le signaler pour ne pas paraître incompétentes. Elles soulignent aussi un quotidien sans accès à des sanitaires !
L’enquête s’est penchée sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) : environ une agente sur cinq déclare avoir été confrontée à des violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein du réseau, principalement sous forme de propos sexistes (65 %) ou de blagues à connotation sexuelle (58 %), tandis que 6 % évoquent des cas d’agression. « Les problèmes liés au genre étaient un sujet peu identifié comme un enjeu, au sein des services de remplacement », a souligné Séverine Van Hasselaar, portant la volonté de voir le réseau « mettre des moyens pour faire mieux », « outiller les managers », et « prévenir les discriminations et les VSS, dialoguer et accompagner, mais aussi sanctionner en cas de faits avérés ».
(1) Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear), Accueil Paysan, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), le service de remplacement France, le réseau national des espaces test agricoles (Reneta), Solidarité Paysans, le mouvement interrégional des AMAP (MIRAMAP) et l’association nationale de développement agricole et rural (Trame).
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